Genève Aéroport fête cette année son centenaire. À sa naissance, le Parlement de la Ville de Genève était persuadé que l’hydravion avait de l’avenir et il fut envisager d’utiliser la rade comme piste de décollage. Très vite, alors même que l’aviation commerciale n’existait pas encore, l’idée de créer une aérogare avec une piste de décollage en béton s’est imposée. Après les premières liaisons commerciales (Lausanne-Genève ou encore Genève-Munich) en avion dotée d’hélices, les avionneurs inventèrent le réacteur et le champ des possibles s’ouvrit alors aux vols intercontinentaux. Ce fut au lendemain de la seconde guerre mondiale l’essor de l’aviation commerciale.

L’infrastructure de l’aéroport n’a cessé depuis lors de s’adapter. La piste s’est agrandie par la suite, passant de 400 à 2000 mètres en 1950 pour accueillir les DC3 ou les fameux métropolitans, puis de 2 à 2,7 km en 1957, afin de permettre au mythique superconstellation de prendre son envol et enfin de 2,7 à 3,9 km en 1960, ce qui permis aux célèbres DC 8 de desservir notre pays. Cette histoire de la piste démontre que nous avons toujours su nous adapter aux évolutions technologiques des aéronefs.

En 1968, Genève s’est donc doté d’un terminal flambant neuf susceptible d’accueillir jusqu’à 5 millions de passagers en lieu et place de l’ancienne aérogare conçue pour n’accueillir que 300 000 passagers. Nous jouissons toujours de cette infrastructure qui voit désormais près de 18 millions de personnes par an la traverser. Les architectes ont donc redoublé de créativité afin d’adapter ce bâtiment, ceci d’autant plus qu’un terminal n’est jamais fermé et que tous les travaux sont réalisés « à cœur ouvert », pendant que les passagers transitent dans l’infrastructure.

L’an prochain, sera inaugurée l’Aile Est, un bâtiment à la pointe de la technologie. Il s’agit d’une halle d’embarquement de 500 mètres de longueur sur 25 mètres de large montée sur pilotis. La structure tubulaire métallique de cet impressionnant bâtiment équivaut au tonnage d’aciers de la tour Effel. Le toit est entièrement recouvert de panneaux solaires et permet ainsi à Genève Aéroport d’être le second producteur d’énergie solaire en Suisse romande.

Genève Aéroport poursuit aujourd’hui une politique de développement durable entamée il y a plusieurs décennies déjà. Saviez-vous par exemple que le kérosène est acheminé depuis le sud de la France, directement dans les ailes des avions, par un réseau de canalisations souterraines ? Transporté par pipeline depuis la Fosse-sur-Mer jusque dans les citernes de Vernier, puis réorienté sous le tarmac jusque dans les réservoirs des aéronefs, le kérosène distribué à l’aéroport ne connait donc pas les transports routiers. Des millions de tonnes de CO2 sont ainsi économisées. Saviez-vous que Genève Aéroport sera totalement libéré des énergies fossiles en 2025, grâce au fait qu’il pourra se chauffer et se refroidir grâce aux eaux du Léman (GenieLac) ?

Avec le covid, Genève Aéroport traverse l’une des crises les plus graves de son existence. Il saura s’en relever, car tous les passionnés d’aviation savent pertinemment que la soif de découverte scientifique est un moteur puissant qui a toujours traversé les époques. Pour un aéroport, il se manifeste en particulier dans la modernité des infrastructures et la capacité à gérer au mieux les flux des passagers et des avions.

Par Jacques Jeannerat