Désinformation, arme massive

Par Philippe Amez-Droz, vice-président

Le jeudi 24 février 2022 restera gravé dans nos souvenirs comme le 1er jour d’une nouvelle guerre au cœur de l’Europe. Pour d’aucuns cette confrontation entre la Russie et l’Ukraine avait déjà démarré le 6 avril 2014 avec le déclenchement du conflit en territoire Donbass. Mais c’est bien le 2.24.2022 qui sera retenu dans les livres d’Histoire au même titre que le 9.11.2001 a marqué nos mémoires avec la destruction des tours jumelles de New York.

Une image parmi tant d’autres du 24 février: celle de ces chars russes passant la frontière ukrainienne, barrière levée, à l’instar des soldats allemands pénétrant le territoire autrichien lors de l’Anschluss, le 12 mars 1938. Sauf qu’en 2022, ce sont des envahisseurs russes qui pénètrent le territoire ukrainien, avec violence, tels des nazis. Avec un culot indéniable, le président Poutine légitime cet acte au nom de la dénazification de l’Ukraine. On s’en doutait, et nous en avons la confirmation jour après jour, cette guerre est aussi celle de la propagande et de la désinformation.

En quelques jours, nous avons, toutes et tous, été assaillis par le flux des images en provenance de ce violent conflit qui frappe à nos portes et, d’abord, à nos écrans. La première guerre du Golfe (1990-1991) nous avait déjà confrontés aux mensonges d’Etat. A l’ère numérique, la désinformation est une arme de destruction redoutable qui manipule aussi bien les serveurs que les cerveaux. Mais, aussi massive soit-elle, elle ne doit pas nous faire oublier la guerre bien réelle où meurent des militaires et des civils qui n’ont rien de virtuel.

PAD

La frontière ukrainienne.

L’Anschluss en 1938.