Le journalisme constructif, à consommer sans modération!
Par Véronique Kämpfen, membre du comité
Lire les nouvelles tôt le matin augmenterait le sentiment de dépression ou de tristesse. En cause, les mauvaises nouvelles permanentes relayées par les médias. Selon le site HNGN (Headlines and Global News), les histoires et faits divers rapportés dans les fils d’actualité de nos smartphones mettent en avant des problèmes face auxquels nous sommes démunis, ce qui augmente notre sentiment d’impuissance et donc notre désarroi.
Mais pourquoi les médias, presse et réseaux sociaux confondus, répandent-ils tant de mauvaises nouvelles? La réponse, cynique, est que le malheur fait vendre. La course au sensationnalisme glauque a encore de beaux jours devant elle, parce qu’elle répond à une réaction humaine basique: nous sommes indignés par la souffrance et la misère d’autrui, tout en étant soulagés de ne pas aller aussi mal. Pas très glorieux, mais vrai. A cela s’ajoute un biais de perception, lié à notre instinct de survie. Nous absorbons davantage les mauvaises nouvelles – environ cinq fois plus que les bonnes – pour mieux nous prémunir contre le danger qu’elles représentent. Aaron Beck, spécialiste de la thérapie cognitive, explique que l’homme a tendance à tirer des généralités d’un seul événement négatif, ce qui l’amène à dramatiser et à envisager les pires scénarios.
La bonne nouvelle, c’est que de nombreux médias se sont rendu compte que faire un constat et le relayer sans apporter une dimension constructive supplémentaire est indigne d’un journalisme de qualité. Ils se sont lancés dans le journalisme de solution, tout d’abord de façon expérimentale, puis à plus large échelle. Ce journalisme constructif identifie les problèmes, pose des questions et, surtout, cherche des réponses. Les résultats sont bluffants. Non seulement ces articles sont mieux lus et plus longtemps que les autres, mais ils font aussi l’objet de discussions et de commentaires intéressants sur les réseaux sociaux. Exit les commentaires haineux et racistes, qui sont la plaie de nombreux sites d’actualités faisant la part belle aux faits divers malsains et aux polémiques stériles.
La Tribune de Genève s’y est mise en publiant une fois par semaine en ligne des actualités positives, dont le titre débute toujours par «Souriez!». Au niveau mondial, l’initiative Impact Journalism Day a été fêtée le 24 juin. Une cinquantaine de médias dans le monde publient des séries d’articles portant sur des initiatives locales ayant pour but d’améliorer les conditions de vie de la population et de protéger la planète. Leurs lecteurs sont directement impliqués, étant encouragés à proposer des solutions et à faire part de leurs observations sur le terrain. Sans naïveté ou utopie, mais avec bon sens et optimisme.
Alors, pour éviter d’être assommé et déprimé par les mauvaises nouvelles, que faire? Simplement éviter de les consommer avant le petit-déjeuner. Cela semble simpliste, mais les remettre à plus tard dans la matinée serait déjà une aide précieuse. Et pourquoi ne pas s’abonner à des sites de médias constructifs? Une rapide recherche sur internet permet d’en mesurer le nombre, qui est étonnamment élevé. C’est déjà une bonne nouvelle en soi.
V.K.