Le métavers, nouvel enjeu de communication?

Par Véronique Kämpfen, membre du comité

Ces derniers temps, un mot surgit de plus en plus souvent au détour d’un article ou d’une conversation. Le métavers. D’après Wikipédia, il s’agit d’un monde virtuel – de l’anglais metaverse, contraction de meta universe, c’est-à-dire méta-univers.

Le métavers se situe au bout de la chaîne d’évolution du web. Rappelez-vous, dans les années 1990, lorsque nous avons eu pour la première fois accès au web 1.0 via les lignes téléphoniques et leur crépitement caractéristique avant que se fasse la connexion. Ce tout premier web était une collection de sources d’information, que l’on pouvait lire sur les sites rudimentaires de l’époque. Dix ans plus tard s’est développé le web 2.0, plus performant, qui a permis la connexion entre les personnes via des plateformes digitales reliées à des serveurs gigantesques. Un bon exemple est Facebook, qui a été un puissant moteur de libération de la parole et de l’échange en temps réel avec des proches ou de parfaits inconnus. Ce système est basé sur la monétisation des données personnelles et l’enrichissement exponentiel des plateformes sur lesquelles le système est fondé.

Les années 2010 ont vu l’émergence du web 3.0, qui a posé les jalons d’un nouveau paradigme de la technologie. Désormais, nous pouvons avoir accès à des applications décentralisées qui n’ont plus besoin d’un serveur pour stocker et faire transiter l’information. Le serveur est remplacé par des nœuds de réseaux nés de la connexion entre les ordinateurs des utilisateurs. Les revenus générés par l’application sont versés automatiquement aux utilisateurs. Plus besoin de plateformes digitales.

Le web 3.0 ouvre la porte d’un monde nouveau, notamment dédié aux jeux virtuels, où les utilisateurs peuvent communiquer via des avatars, mais pas seulement. Dans le métavers, on peut également acheter des biens, comme des œuvres artistiques, de la musique, des images ou de l’immobilier.

Pour effectuer ces achats virtuels, c’est la technologie des NFT (jeton non fongible, soit qui ne peut pas s’échanger contre un autre jeton de valeur égale) qui est utilisée. Les NFT englobent tout objet virtuel unique dont l’identité, l’authenticité et la traçabilité est en théorie incontestable et inviolable. C’est un véritable marché, qui ne cesse d’augmenter. D’après Forbes, on parle d’une croissance de +300% pour 2020 et même +1785% pour 2021.

Dans la mesure où le métavers devient un univers parallèle dans lequel vivent nos avatars, les enjeux – communicationnels, commerciaux, culturels, etc. – sont évidents. Les marques ont intérêt à y être présentes. L’expérience client, combinant le réel, le virtuel et le digital, sera probablement appréciée par de nombreux consommateurs. De même, en termes d’influence d’opinions, le métavers pourrait devenir un nouveau canal de communication. Sur Second Life, premier univers virtuel sorti en 2003 et toujours utilisé par une poignée d’afficionados, on avait vu l’émergence d’ambassadeurs politiques qui relayaient dans ce monde parallèle les campagnes électorales de candidats réels. Il n’y a pas de raison que cela ne se passe pas de la même manière dans les environnements virtuels de dernière génération.

Au même titre que les entreprises ont appris à communiquer sur les réseaux sociaux pour toucher leurs publics, faire connaître leur marque, travailler leur réputation, il n’est pas exclu qu’elles doivent un jour le faire dans le métavers. Une tendance à suivre de près.

V.K.