Rapprocher les familles ou le rôle social des vols low cost

Par Jacques Jeannerat 

Espagne, Portugal, Italie: telles sont respectivement les trois destinations européennes les plus plébiscitées par les voyageurs en partance de l’aéroport de Genève. Sans surprise, c’est Madrid qui attire le plus de voyageurs se rendant au pays de Cervantès. Au Portugal, l’attention se porte sur Porto, suivi de près par Lisbonne. En Italie, la demande est plus éparse : Rome et Brindisi sont souvent en tête de classement, bien que Naples, la Sardaigne et la côte Est de la Sicile soient régulièrement sur le podium.

Pourquoi s’intéresser à ces villes et régions ? Tout simplement parce que ce sont celles qui reviennent dans le plus souvent dans la bouche des opposants à l’aéroport de Genève et, d’une façon plus générale, des pourfendeurs de l’aviation. Pourtant, ne leur en déplaise, ces destinations ne sont pas l’apanage de celles et ceux qui veulent faire du shopping ou se dorer la pilule au soleil.

Certes, le voyage de loisirs existe. Mais concentrer sa diatribe sur ces destinations, sans aucune nuance, c’est faire montre d’une méconnaissance des désirs et des motivations des voyageurs. En témoignent les chiffres des derniers sondages effectués auprès des passagers au sein de l’aéroport. Au deuxième semestre 2020, près de 35 % des voyages étaient effectuées pour des raisons familiales, et 20 % pour des raisons professionnelles. Une majorité des voyages (55 %) concerne donc les visites familiales et le monde des affaires.

Faut-il remettre en cause, voire fermer ces destinations, comme on l’entend parfois ? Quand on sait qu’un trajet au départ de Genève prend 13 heures par autoroute pour se rendre à Brindisi (tout comme un trajet Genève – Madrid), 10 heures pour Rome et 16 heures pour Porto, on est en droit de se demander si cette proposition est judicieuse. D’autant que, faut-il le rappeler, ce n’est pas Genève Aéroport qui décide des destinations opérées par les compagnies aériennes, mais bien ces dernières qui ouvrent, maintiennent ou ferment des lignes, selon leurs propres gestions internes. Ne l’oublions pas.

J.J.