Réseaux sociaux, si l’on s’autorégulait?

Parmi les sujets de polémique liés à l’omnipotence des réseaux sociaux, un vent nouveau semble caractériser ce début d’année 2021. Celui d’un besoin de reprendre la main sur les propriétaires multimilliardaires qui se cachent derrière leurs algorithmes de petits génies pour mieux s’approprier nos données personnelles. Bien davantage que le combat contre les fake news, qui ne prendra pas fin avec le départ du président Trump (ses tweets vont manquer à bien des journalistes qui s’en délectaient), le ras-le-bol des flux croissants de pub sur les réseaux et les messageries a trouvé son paroxysme avec les nouvelles conditions contractuelles que WhatsApp souhaitaient imposer. En date du 15 janvier, face au tollé général, la plateforme contrôlée par Facebook annonçait faire marche arrière.

Racheté en 2014 par Facebook, la messagerie WhatsApp a adressé début janvier à ses deux milliards d’utilisateurs les nouvelles conditions à accepter d’ici le 8 février provoquant un tollé général! L’affaire a fait bondir les téléchargements de la messagerie Signal, encouragés par un tweet du fondateur de Tesla, Elon Musk, recommandant cette messagerie concurrente. Or, Signal a justement été rejoint en 2018 par le fondateur de WhatsApp, Brian Acton, qui avait claqué la porte de Facebook pour désaccord sur la stratégie de monétisation.

Ce ras-le-bol ou tollé (que les économistes désignent dans leur jargon comme la manifestation d’une externalité négative) suscite une attente accrue du public en matière d’éthique et de bonne gouvernance. En raison de méfaits autrement plus graves, comme les tweets racistes, communautaristes, voire les appels à la violence ou à la haine, les réseaux sociaux font déjà l’objet de débats nourris dans nos démocraties bien décidées à réguler ces moguls (médias dominants).

Mais la régulation via un parlement prend du temps. J’ose donc la question: et si l’on s’autorégulait? Chacun-e d’entre nous a le libre choix de ses plateformes et de sa consommation numérique. Du choix des contenus consultés, produits ou encore diffusés. Ce libre arbitre est même à la base d’un écosystème numérique plus respectueux et plus sobre. Un usage modéré des réseaux sociaux aurait de surcroît un impact bénéfique non seulement pour nos cerveaux mais aussi pour la Planète. Alors, et si l’on commençait une « Social Media Diet » en 2021?

Philippe Amez-Droz
Vice-président